Timbres des Fêtes de Maud Lewis

2 novembre 2020
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Le 2 novembre 2020, Postes Canada a émis trois timbres des Fêtes ornés de peintures joyeuses de Maud Lewis, artiste folklorique de la Nouvelle-Écosse.

Trois œuvres de saison de l’artiste faisant partie de la collection du Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse figurent sur les timbres : Family and Sled (années 1960), Winter Sleigh Ride (début des années 1960) et Team of Oxen in Winter (1967).

Bien que beaucoup d’artistes préfèrent exercer leur talent dans des paysages plus exotiques, ce sont les fermes, les champs et les rives de la Nouvelle-Écosse rurale, à une heure de voiture de sa ville natale de South Ohio, qui inspirent Maud Lewis. « Je peins tout de mémoire, je ne copie pas tellement, explique-t-elle. Je ne vais nulle part, alors je crée mes propres scènes. »

Malgré une arthrite juvénile et des anomalies congénitales qui rendent ses doigts douloureusement déformés et son cou et ses épaules très voûtés, Maud est une enfant heureuse qui grandit dans une maison où l’art et la culture sont très présents. Très grand amateur de musique, son père a le privilège de posséder un piano et un gramophone. Sa mère, sa seule et unique professeure d’art, lui montre comment peindre des cartes de Noël festives qu’elle vend aux voisins pour quelques sous chacune.

Le décès de ses parents bouleverse sa vie. Pratiquement sans logement, mais trop fière pour accepter la charité, elle répond à l’annonce du poissonnier Everett Lewis qui est à la recherche d’une aide-ménagère. Ils finissent par se marier et Everett lui rapporte consciencieusement des retailles de cloison sèche et de carton qu’elle utilise comme canevas et les restes de peinture avec lesquels elle crée ses œuvres. Des années plus tard, le peintre ontarien John Kinnear lui fournit des outils et du matériel de meilleure qualité et elle le remercie de sa gentillesse en lui offrant quelques-uns de ses tableaux.

Au fil des ans, Maud développe une polyarthrite rhumatoïde grave qui raidit ses mains encore davantage. Elle continue malgré tout à passer la plupart de ses journées à peindre les scènes bucoliques de ses souvenirs d’enfance devant l’unique fenêtre de leur maison d’une pièce. Sa créativité ne s’exprime pas que sur des canevas et déborde graduellement sur les murs, les appareils ménagers et d’autres articles, transformant la petite maison sans chauffage central, électricité et eau courante en une réelle œuvre d’art.

Bien qu’elle soit connue dans les communautés environnantes de Marshallville et de South Ohio, pendant des décennies, Maud travaille plutôt dans l’ombre. Ce n’est qu’en 1965 que le photojournaliste Bob Brooks publie un photoreportage sur elle pour le Star Weekly. Plus tard cette année-là, la CBC raconte son histoire dans un documentaire qui est diffusé partout au pays. C’est donc vers le milieu de la soixantaine que Maud atteint enfin un certain degré de gloire et de richesse. Au lieu de vendre ses peintures à 5 $ l’unité (10 $ les bons jours) à des touristes devant sa maison, elle commence à recevoir des commandes d’admirateurs provenant de régions lointaines qu’elle ne peut qu’imaginer.

Aujourd’hui, les œuvres de Maud forment des collections populaires de valeur dans plusieurs galeries d’art et musées de renom. Le Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse possède une collection importante qui fait partie de son exposition permanente, y compris la fameuse petite maison décorée qui enchante des milliers de visiteurs chaque année. En 2016, son histoire gagne encore en notoriété grâce au film Maudie, une version romancée de sa vie déjà remarquable.

Aujourd’hui, Maud Lewis est l’une des artistes folkloriques les plus connues et les plus populaires du Canada. Malgré ses difficultés, le désir de Maud de révéler les merveilles de la vie quotidienne et la beauté simple et joyeuse des paysages ruraux de la Nouvelle-Écosse brille comme une flamme ardente impossible à éteindre – et s’anime encore aujourd’hui dans ses œuvres vives et colorées.