Fermetures et interruptions

18 juin 2014

Protéger l'avenir de Postes Canada

18 juin 2014

Deepak Chopra
Président-directeur général
Postes Canada

En moins de dix ans, les communications numériques ont grugé les activités de base de Postes Canada, mettant en péril une société ayant survécu à 250 années de changements radicaux. Le recul était on ne peut plus évident en 2012, alors que nous avons livré un milliard d'articles de courrier de moins que seulement six ans auparavant. Au cours des dernières années, nous avons réduit les coûts dans l'ensemble de nos opérations, ce qui a aidé, mais des changements fondamentaux étaient requis pour éviter de grandes pertes financières. Face à cet impératif et au constat que les besoins postaux des Canadiens ont changé, nous avons annoncé ce qui est considéré comme étant l'une des initiatives postales les plus audacieuses jamais entreprises : Postes Canada est la première administration postale au monde à éliminer progressivement la livraison à domicile. Même si des raisons pressantes justifient la transition, cette décision n'a pas été prise à la légère.

Parmi les cinq initiatives du plan mis en place pour assurer l'avenir du service postal au Canada, ce point a la plus grande importance. Cette décision est le résultat d'une analyse de deux ans où l’on a examiné toutes les options, y compris celles offertes par d’autres administrations postales partout dans le monde, afin de déterminer la solution qui servira le mieux les Canadiens d'un bout à l'autre du pays.

Depuis cette annonce, certains ont suggéré d'autres solutions possibles qui, à première vue, peuvent sembler plausibles, mais ne passent malheureusement pas l'examen sous la loupe.

L'une de ces solutions était les services bancaires postaux, initiative que Postes Canada a déjà examinée il y a plusieurs années. Nous avons analysé les conditions expliquant le succès des banques postales dans d'autres pays, notamment l’existence d’une longue tradition de services bancaires postaux ou la possibilité de présenter une option plus sécuritaire que celles offertes par les institutions bancaires. Malheureusement, Postes Canada n'a pas ces atouts. Est-ce que les Canadiens retireraient leurs fonds d'une institution financière bien établie pour les transférer à une banque bâtie par Postes Canada à partir de zéro? Il s'agit d'un pari coûteux alors même que nos services de base perdent déjà de l'argent.

Outre les services bancaires, d'autres ont soulevé le fait que certaines administrations postales ont choisi la privatisation. Cela ne fait pas partie de notre mandat. Il est important de noter que, dans le cas de la privatisation d'autres administrations postales, il a aussi été nécessaire de refiler au secteur public des milliards de dollars en obligations au titre de prestations de retraite et d'autres coûts importants. Les Canadiens nous ont dit clairement que nous devons faire ce qu'il faut pour éviter de devenir un fardeau pour les contribuables, et c'est notre objectif.

Le Canada est un beau pays vaste avec l'une des densités de population les plus faibles des pays industrialisés. Ce à quoi nous excellons, c'est le service de livraison aux 15 millions d'adresses dans toutes les régions du pays, mais cela signifie également que Postes Canada a l'une des structures de coûts les plus élevées de toutes les administrations postales des pays occidentaux. Et ces coûts sont à la hausse, puisque le nombre d'adresses continue d'augmenter, tandis que le nombre d'articles de courrier par ménage diminue.

Nos défis sont uniques. Postes Canada ne peut pas tout simplement « importer » une solution mise en place par une autre administration postale en s'attendant à connaître les mêmes succès. Il s'agirait d'une erreur monumentale, surtout en sachant qu’il existe déjà à Postes Canada une option pour laquelle le Canada est un chef de fil mondial, avec 30 années d'expérience sur lesquelles s'appuyer.

Les boîtes postales communautaires sont apparues pour la première fois au Canada dans les années 1980 et ont depuis résisté à l'épreuve du temps pour des millions de ménages canadiens. Ceux qui reçoivent leur courrier à une boîte communautaire voient les réels avantages : ces boîtes sont plus sécuritaires qu'une boîte aux lettres non verrouillée, elles sont dotées de compartiments à colis sécurisés et elles permettent d’éviter que le courrier s'empile devant votre porte si vous n'êtes pas à la maison. Elles ne sont pas à côté de la porte, mais ne sont tout de même pas loin de la maison. C'est également vrai pour les personnes qui reçoivent la livraison de leur courrier à une boîte aux lettres se trouvant dans le hall d'entrée d'un immeuble d'habitation ou à une boîte aux lettres rurale, ce qui signifie que, pour 10 millions de ménages, aucun changement ne sera apporté dans le cadre de notre plan.

C’est un fait que la livraison du courrier à la porte coûte deux fois plus que la livraison à une boîte postale communautaire. Et si la conversion des adresses qui reçoivent encore le courrier à la porte rapportera des économies substantielles, ce n'est pas le seul avantage. Ce changement nous permettra de continuer à livrer le courrier chaque jour, service sur lequel comptent toujours les entreprises et bien des résidants. C'est pour cette raison précise qu'aucune administration postale des pays industrialisés n'a réussi à réduire le nombre de jours de livraison. De plus, Postes Canada peut générer des revenus supplémentaires une fois que les clients dont le mode de livraison a changé constatent à quel point il est pratique d'avoir une armoire à colis à proximité de la maison et se mettent à magasiner davantage en ligne.

Voilà les services que Postes Canada tente de protéger, et les boîtes postales communautaires, ainsi que les autres éléments de notre plan, nous aideront à assurer la viabilité de ces services. Les défis structurels auxquels nous faisons face ne sont pas insurmontables; nous devons tout simplement trouver les bonnes solutions, soit des solutions éprouvées et conçues pour le Canada.